Lorsque l’on parle de grossesse, l’accouchement est souvent perçu comme la fin de l’aventure. Mais nous les jeunes mamans le savons bien : avec l’arrivée du bébé, un autre défi commence, celui du post-partum. Or personne ne nous prévient que les désagréments continuent pendant les suites de couche. Et même le corps médical, aussi bien pendant les rendez-vous mensuels que pendant les séances de préparation à la naissance, ne s’attarde pas sur le sujet. Cette période, pourtant fondamentale, est souvent minimisée, nous laissant dans l’inconnu face aux douleurs, aux fluctuations hormonales et à la fatigue incessante.
Moi-même, j’ai été très surprise des difficultés que j’ai rencontrées durant mes trois post-partum. Pour mon premier, je n’ai pas vraiment souffert physiquement, juste une grande fatigue due au manque de sommeil, mais mon bébé pleurait sans arrêt, et n’ayant pas une grande expérience des bébés, j’avais tout le temps l’impression de mal faire. Mes deux autres bébés étaient plus calmes, mais physiquement, c’était une autre histoire. La fatigue était toujours présente, mais mes suites de couche étaient plus douloureuses, comme si mon corps était littéralement usé par ces grossesses, pourtant espacées de deux ans. Et ça, personne ne m’en a jamais parlé. À la sortie de la maternité on me parle de contraception, de fermeture du col, mais rien n’a jamais été dit sur ô combien tenir son rôle de maman tout en se remettant de quelque chose d’aussi puissant que l’accouchement serait aussi difficile. Et ça, ça peut vite miner le moral.
Découvrons ensemble les vérités du post-partum pour mieux vivre cette étape, et savoir que, non, tout ne rentre pas dans l’ordre dès que le bébé est là.
Les maux de grossesse ne disparaissent pas immédiatement
Les nausées ont la vie dure pendant le post-partum
Pendant chacune de mes trois grossesses, j’ai dû composer avec des nausées persistantes, des dégoûts alimentaires et de fortes remontées acides, surtout au dernier trimestre, à cause du poids de bébé. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que ces symptômes se prolongeraient même après l’accouchement ! Et même après la grossesse, je ressentais des nausées matinales, particulièrement si mon estomac restait vide longtemps, ou si je mangeais trop gras, trop épicé, ou en trop grande quantité. Adieu le rêve de dévorer un burger XXL ! On nous laisse souvent croire que tout rentrera dans l’ordre après la naissance, mais les nausées post-partum et dégoûts alimentaires sont bien réels pour de nombreuses jeunes mamans.
Les douleurs de grossesse persistent pendant le post-partum
Les contractions, parlons-en ! Dès le deuxième trimestre de grossesse, j’ai ressenti des contractions douloureuses en raison de mon utérus contractile. Pour mon premier, cela m’a même valu une menace d’accouchement prématuré, bien que j’aie finalement accouché à terme.
Après l’accouchement, on imagine que tout est fini, mais ce n’est pas le cas ! La délivrance du placenta et les contractions post-accouchement, appelées « tranchées », peuvent être, quoique moins intenses que celles de l’accouchement, très douloureuses. En allaitant, chaque tétée de mon bébé ravivait cette douleur insupportable, impossible à soulager ni avec du Doliprane, ni avec du Spasfon.
Bien que les douleurs post-partum s’atténuent après environ une semaine, elles restent éprouvantes. La nuit, j’étais réveillée par des douleurs au niveau du périnée, et je pouvais même ressentir la fermeture du col . Déjà que le manque de sommeil est courant après la naissance, ces douleurs nocturnes peuvent rendre cette période d’autant plus difficile !
Les hormones continuent de faire des vagues pendant le post-partum
Pendant la grossesse, les hormones ont un impact direct sur le moral, suscitant parfois des comportements inattendus. À chaque mauvaise nouvelle, c’est la catastrophe et les pleurs surgissent. Plus l’accouchement approche, plus l’anxiété monte : de grands nettoyages, des achats impulsifs… Pour mon dernier, je suis même allée jusqu’à m’épiler les sourcils et à me coiffer pour que mon bébé ne soit pas effrayé par mon apparence à la naissance ! Mon ex-mari s’en était amusé à l’époque, car les premiers jours suivant la naissance, bébé voit à peine.
Heureusement, j’ai échappé au baby-blues, mais pas aux effets persistants des hormones post-partum liées à l’allaitement. Je reste hypersensible et facilement émotive, mais la présence de mon bébé m’apporte tant de bonheur que je parviens à garder les pieds sur terre, ou presque !
L'allaitement au sein : un parcours semé d’embûches
Les difficultés de la mise au sein
Bien qu’on entende souvent que l’allaitement au sein est ce qu’il y a de mieux pour bébé, et que l’Organisation Mondiale de la Santé recommande un allaitement exclusif pendant six mois, la réalité peut être bien plus complexe.
Lors de ma première grossesse, je me voyais déjà nourrissant mon bébé au sein avec aisance et bonheur. Pourtant, à sa naissance, il n’a pas réussi à bien prendre le sein. À cause de sa jaunisse, le personnel de santé a du introduire du lait maternisé pour l’hydrater suffisamment, et au final il a préféré prendre le biberon. À deux mois, notre aventure d’allaitement était terminée.
Pour ma deuxième et mon troisième, j’ai tenu respectivement 17 et 20 mois, mais les débuts ont été particulièrement éprouvants. Ce qu’on ne nous dit pas, c’est que la mise au sein est souvent douloureuse au départ. Entre la montée de lait et les premières prises, cette première semaine d’allaitement est une épreuve, et j’ai souvent eu envie d’abandonner. Appliquer les conseils de mise au sein ne m’ont pas aidé à rendre la douleur plus supportable, mais une fois que les mamelons s’adaptent à la bouche de bébé, cela devenait plus facile.
La fatigue liée à l’allaitement : un aspect méconnu
On parle rarement de la fatigue liée à l’allaitement, et pourtant, elle est bien réelle. Lors de mon premier accouchement, je n’ai pas allaité assez longtemps pour en prendre pleinement conscience, et ma récupération physique post-accouchement a été rapide. Mon fils faisait ses nuits dès trois mois, ce qui a facilité les choses.
Avec mes deux autres bébés, l’histoire a été tout autre. Ma fille a tété longuement, préférant le sein au biberon, ce qui a entraîné une fatigue physique intense. De plus, avec un autre enfant d’à peine un an à gérer, je me traînais toute la journée, sans bien comprendre l’origine de cette fatigue chronique. Cela a eu un impact réel sur mon moral, surtout face aux autres responsabilités à gérer au quotidien.
Si j’avais su à quel point l’allaitement pouvait épuiser, je m’y serais préparée mentalement et physiquement, et j’aurais moins culpabilisé de faire moins dans la journée, malgré la croyance que l’on doit se sentir « en pleine forme » après un accouchement. Avec mon troisième enfant, qui refusait le lait maternisé, j’ai opté pour un allaitement exclusif, ce qui a nécessité de m’alimenter davantage et de prendre des compléments alimentaires pour tenir. Cependant, mieux préparée, cette fois-ci, j’ai pu gérer la fatigue avec plus de sérénité.
Bébé n'est pas livré avec un mode d'emploi
Le sommeil de bébé : un défi pour les jeunes parents
Un bébé qui fait ses nuits dès la naissance, c’est une image d’Épinal. Certains parents ont de la chance, et leur bébé a un rythme qui leur convient dès ses premiers jours. Mais le plus souvent, le sommeil de bébé est inversé : il est éveillé la nuit et dort plus ou moins le jour.
Mon premier, lui, ne dormait pratiquement jamais; alors que la plupart des sites internet et des livres nous apprennent qu’un nourrisson dort entre 20 et 22 heures par jour, mon bébé ne dormait pas plus d’une heure la journée, et passait ses nuits à pleurer ou à jouer. Mon petit dernier dort un peu plus la journée, mais ses phases d’éveil sont la nuit. Alors qu’il va bientôt avoir trois mois, il commence à inverser la tendance et dort un peu plus longtemps la nuit, mais il est clairement loin de faire ses nuits. Quant à ma fille, elle a mis un an avant d’avoir un rythme de sommeil; aujourd’hui elle a deux ans, et elle se réveille encore une à deux fois par nuit.
Le manque de sommeil post-partum est une réalité que nous jeunes parents subissons, mais qui est peu souvent abordée. C’est vrai qu’un bébé qui ne fait pas ses nuits c’est plutôt banal, mais physiquement et psychologiquement, avec la fatigue qui s’accumule, ça peut être très éprouvant. À cause du manque de sommeil, j’avais parfois des sautes d’humeur, et c’est toute ma famille qui en pâtissait. Je ne sais pas s’il existe des solutions pour que cette période soit moins difficile à vivre, autre que la patience, mas je pense que ça devrait être moins passé sous silence.
Les pleurs de bébé : gérer les crises avec patience et soutien
Un bébé, ça pleure. Il peut même hurler jusqu’à réveiller tout un immeuble (véridique). Avec la fatigue accumulée par l’allaitement et le manque de sommeil, un bébé qui pleure, ça peut vite tourner vinaigre, les drames relayés par la presse étant là pour le rappeler.
Les moments de décharge de bébé ne sont jamais faciles, surtout qu’une crise peut démarrer à n’importe quel moment: s’il a faim, s’il fait ses dents, s’il a des coliques, ou si la journée a été trop stimulante pour lui, c’est la crise. Personnellement, dans ces cas là, j’essaie d’identifier le besoin de bébé; si je peux y répondre, tant mieux, et la crise s’arrête. Et si rien n’y fait, je lui fais un gros câlin. Si vraiment je sens que je suis à bout, je pose bébé dans son berceau et je sors respirer un bon coup. En général, après ça va mieux, et je peux apporter à mon enfant toute l’attention dont il a besoin.
Les crises d’un enfant peuvent vraiment être surprenantes, et ça, personne n’en parle. Si l’on essaie de trouver du réconfort ou des conseils auprès de nos proches ou des professionnels de santé, au mieux on se ramasse un gros silence, au pire des commentaires désobligeants. Oui, j’assume d’avoir fait des enfants; mais ceux-ci n’étant pas livrés avec des manuels d’utilisation, il est normal parfois d’avoir besoin d’éclairage, non?
Pour toutes celles qui se reconnaîtront dans cet article, j’espère qu’il vous aura fait du bien et vous aura apporté un peu de réconfort. Ne culpabilisez pas, la société ne nous prépare pas à devenir maman (c’est pareil pour les papas d’ailleurs). C’est à force de combats d’expérience, que nous parviendrons à casser les codes de la maternité et à écrire notre propre définition de la parentalité.